La préparation psychique est en train de devenir une tendance inévitable dans le sport de haut niveau, avec des athlètes comme Loïc Bruni qui en exposent régulièrement les avantages. L’entraînement mental non seulement améliore les performances, mais il aide aussi à s’améliorer à son propre rythme, indépendamment du niveau de compétition. Pour mieux comprendre ce processus, voici quelques éléments clés pour comprendre cette approche et un aperçu de quelques techniques de « PM » les plus éprouvées.
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Le rôle du mental dans le VTT
Avoir une bonne technique ou une bonne condition physique rend tout beaucoup plus facile, mais l’engagement en VTT est principalement une question de mental. Dès le début, la capacité à avoir confiance en soi et à gérer ses appréhensions est déterminante pour progresser. Beaucoup de personnes ne voient pas l’intérêt de la préparation mentale (PM), tout comme ceux qui ne voient pas l’utilité de faire de l’exercice physique en salle, mais le VTT amateur peut très bien se suffire à lui-même. Cependant, un travail spécifique peut aider à développer ces compétences mentales. Apprendre à gérer ses émotions, dont notre sport en est un grand fournisseur, facilite la progression, repousse les limites et, ce qui est important, décuple le plaisir. Plusieurs techniques peuvent être utilisées, allant des plus documentées (psychologie, sophrologie, autohypnose) aux plus spirituelles voire ésotériques, mais nous n’aborderons ici que les premières.
La peur inhérente aux sports à risque
Notre activité nous expose chaque jour à des risques, qui génèrent divers degrés de peur. La peur de tomber, la peur des blessures, l’appréhension de la vitesse, de la hauteur ou de perdre le contrôle… Ces émotions sont nécessaires pour notre instinct de survie et pour maintenir une marge de sécurité, mais elles peuvent aussi entraver notre pratique et notre progression. Marine Descols, préparatrice mentale à Chambéry, travaille quotidiennement avec ces peurs dans son activité de coaching, notamment pour les base-jumpers. Elle souligne l’importance d’identifier l’origine des peurs. Sont-elles liées à une mauvaise expérience, un traumatisme, ou sont-elles une peur imaginée voire fantasmée ? Il peut être utile d’être accompagné, même brièvement, après un accident, vécu ou dont nous aurions été témoins, car le traumatisme sous-jacent, même s’il n’est pas perceptible, peut générer des pensées négatives inhibitrices. Les peurs imaginées/fantasmées incluent les angoisses quasi-irrationnelles et celles provenant de manœuvres inconnues, de réflexes archaïques ou de schémas moteurs inadaptés (incapacité à réaliser un mouvement qui semblerait « contre-nature »).
Questionner l’origine de ses peurs
Pour surmonter ses peurs, il faut d’abord se poser les bonnes questions. A soi-même, mais aussi à ses amis, ou à ses élèves si on est un instructeur, pour éviter des réponses toutes faites et inadaptées. Pour Marine Descols, le guide ne doit pas imposer sa propre perception sur celle des autres. Il risque d’ignorer les peurs propres à son interlocuteur en les niant (« cette chose ne fait pas peur »), car ce qui est valable pour l’un avec son expérience ne l’est probablement pas pour l’autre. Un VTTiste terrifié par un gros saut peut être totalement insensible à toute argumentation sur l’atterrissage si c’est en fait la prise de vitesse ou les conséquences d’une blessure sur son travail qui l’angoissent, et il faudra mettre des mots dessus. Seule une introspection profonde permet de trouver les réponses les plus pertinentes pour soi, car il n’y a pas de réponses universelles. En acceptant sa peur comme un tout, on se prive de la possibilité de la décomposer : « Je n’aime pas les gros sauts. Point » est une impasse, tandis que la recherche de l’élément problématique (acceptation de la vitesse ? de la pente ? impulsion ? tenue du saut ? réception ? conséquences en cas de chute ?) permettra de renverser la situation en travaillant sur ce point.
Discours interne
Afin d’encourager la sortie de la zone de confort malgré les peurs et pour atteindre l’état de « flow », le coach fait émerger un dialogue, un monologue adressé à soi-même, qui permet de se rassurer et de se transcender. Le flow est un état de concentration dans lequel on est totalement plongé dans ce qu’on fait, libre de toute pensée parasite, qui génère une sensation de bien-être grisante. On accède facilement au flow sur son parcours idéal, mais ça peut aussi être le cas en faisant la vaisselle ! Nous nous sommes tous déjà motivés par une sorte de « Allez, go, j’y vais ! » en se lançant sur un saut. Le discours interne, c’est un peu ça, mais en plus élaboré et plus efficace. Ce discours est toujours positif dans le fond et aussi dans la forme, car le cerveau ne comprend pas les formulations négatives. Il doit intégrer une analyse de la situation et de ses compétences, afin de changer les pensées négatives pour retrouver de la sérénité.
Imagerie mentale ou visualisation
Le cerveau ne distinguerait pas entre la visualisation mentale d’une manœuvre et son exécution. Donc, mimer un franchissement ou un saut les yeux fermés en chaussettes dans le salon, c’est aussi utile ! Les pilotes de la patrouille de France ou les compétiteurs en DH pratiquent cet exercice, qui permet de bien mémoriser une trajectoire. Selon Domitille Kiger, championne du monde de freefly, dix visualisations de saut équivaudraient, en termes d’apprentissage, à un vrai saut. Il existe deux visualisations complémentaires. La visualisation interne prend le point de vue du pilote (en caméra embarquée) et fait appel aux sens (vision, mais aussi kinesthésie, audition, etc) pour reproduire une gestuelle. La visualisation externe, obtenue par l’œil de l’observateur extérieur, est quant à elle toute indiquée pour la correction des gestes et des placements, grâce à une visualisation de l’ensemble corps + vélo + terrain. Les deux exercices peuvent être pratiqués dans la même séquence d’entraînement, par exemple en alternant deux fois chaque visualisation. Mais cet exercice n’est pas inné, il a besoin d’être travaillé, car un cerveau non-entraîné se laisse aisément distraire par des pensées parasites, pour ensuite se disperser et ne jamais aboutir.
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