Article rédigé par: Jonny Beer
Photos prises par: The Collective
Passer quatre mois enfermé dans un bureau avec deux personnes collées à leurs écrans d’ordinateur pendant douze heures chaque jour peut devenir pesant.
Jamie Houssian et Darren McCullough n’étaient pas exactement des collègues de travail idéaux. Quand j’ai commencé à discuter avec Donny de l’idée de partir en tournée pour le lancement de Seasons, j’étais emballé. Travailler avec des amis, partager des repas conviviaux, boire des bières, ça semblait parfait. En réalité, j’étais loin du compte. Peut-être n’avais-je pas pris en compte l’ampleur de la tâche qu’est la production d’un film de mountain bike. Je me suis retrouvé à travailler aussi dur que les businessmen en costume-cravate. Des heures interminables, des débats passionnés sur le film et au final, un cruel manque de temps pour faire du vélo.
Depuis le premier février, une date était constamment dans ma tête : le 11 avril, jour de la première mondiale de Seasons lors de l’ouverture du Festival Mondial du Ski et du Snowboard à Whistler. L’après-midi du 11 avril, Darren avait juste fini d’apporter les dernières retouches quand nous avons découvert des problèmes techniques pour la lecture du film sur PC. Heureusement, l’équipe de Dizzog est connue pour son service technique efficace et nos problèmes ont été rapidement résolus. Pendant ce temps, la file d’attente devant Evolution, le lieu de vente des billets, s’allongeait. Rapidement, le centre de conférence qui nous accueillait a été déclaré complet, malgré sa capacité de 1500 personnes. Jenine d’Evolution a été d’une aide précieuse, boostant la vente des billets dans son magasin, un des plus branchés de Whistler. Grâce à un peu d’ingéniosité de la part du portier (merci à lui), nous avons réussi à faire entrer 100 personnes supplémentaires. L’ambiance à l’intérieur était incroyable, et avec la fin de la saison de ski, on sentait que les gens étaient impatients de voir du mountain bike.
Si la réaction des spectateurs est un bon indicateur de la réussite d’un film, alors on peut dire que Seasons a été un énorme succès. L’enthousiasme de la foule était palpable et la soirée s’est terminée au Longhorn, dans une ambiance festive typique du monde du mountain bike, avec des bagarres et des séances d’arrachage de caleçons…
Après le succès de cette première mondiale, nous devions remettre ça la semaine suivante à la Sea Otter, qui était pour nous un autre grand rendez-vous. Toute l’équipe a donc pris la route jusqu’à Monterey, excitée mais aussi nerveuse à l’idée de ce qui allait se passer. En effet, nous nous attendions à y rencontrer nos critiques les plus sévères, avec la présence de l’industrie du vélo. Après le succès des deux premiers films, Jamie, Darren, Darcy, Schramm, Sterling et Colin étaient tous très anxieux de connaître l’opinion de leurs pairs sur leur dernière réalisation. Après deux diffusions au Portola Plaza, ils ont reçu un accueil meilleur que tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Toute l’équipe s’est retrouvée sur la scène du cinéma, sous les applaudissements du public, avec Josh Bender qui criait qu’il voulait le gamin de Sterling. Nous avons passé la soirée à serrer des mains, à trinquer et si ce n’était pour ce malheureux incident de la douche à l’hôtel, cette première à Monterey aurait été parfaite.
Nous avons continué sur cette lancée avec une nouvelle diffusion à guichet fermé au Commodore de Vancouver (une salle de 1000 places). En bonus, nous avons eu l’opportunité d’organiser un concert avec The Sessions, un groupe qui fait partie de la bande son du film.
Quelques jours plus tard, Jamie, Darren et moi avons décidé de prendre la route pour aller voir quelques projections de Seasons sur la côte Ouest, et d’aller faire du vélo dans quelques bons spots si on en avait le temps. « Enfin on va faire du vélo » me suis-je dit, ce qui était la raison principale pour laquelle j’avais accepté ce travail.
Après deux heures d’attente à la frontière et la conclusion des douanes que trois cyclistes ne représentaient pas une menace pour la nation, nous étions aux États-Unis. Six heures de route plus tard, nous arrivions à Portland et finissions par trouver le Bagdad. Gracieusement accueillis sur le parking du Fat Tire Farm (un magasin de Portland), nous avons vite appris comment prendre du bon temps dans un cinéma qui appartient à une brasserie…
Là, nous avons eu la chance de retrouver l’équipe de Dakine, qui était venue de Hood River pour voir le film. Ils nous ont invités à venir le lendemain à Hood River pour faire du vélo, ce qui nous a étonnés. Chico (de Dakine) a même eu la gentillesse de nous héberger chez lui pendant quelques nuits, et nous a fait découvrir les sentiers alentours. Nous avons donc fait du vélo toute la journée, avec plusieurs temps forts, comme cette ligne de terre construite par Dave et l’interminable singletrack du Post Canyon. Si vous vous êtes déjà demandé comment Dakine a réussi à produire certains des meilleurs équipements de vélo au monde, voici la réponse : c’est parce que les employés font du vélo le plus souvent possible et en profitent pour discuter et améliorer leurs produits.
Après avoir passé le lundi matin au siège social de Dakine, nous avons pris la direction du Sud, vers Salem, pour une projection organisée par l’équipe de Santiam Cycles. La projection avait lieu au Northern Lights et malgré le succès de la soirée, nous sommes couchés tôt, car nous avions une grosse journée de vélo prévue pour le lendemain, à Black Rock.
J’avais souvent entendu dire par de bons cyclistes que le spot était génial et j’étais assez impatient d’y arriver. En effet, les pistes ne m’ont pas déçu, avec des sentiers fluides, une excellente adhérence et des aménagements sympas. Nous avons également eu la chance d’être remontés par l’équipe locale (la Black Rock Mountain Bike Association) qui s’occupe de l’entretien du spot. Se faire remonter au sommet des pistes n’est pas vraiment courant à Black Rock, nous avons donc apprécié ce privilège, surtout venant d’une équipe aussi engagée.
Quelques bières et fanfaronnades plus tard, nous avons repris la route. Prochaine étape : San Francisco. Nous y sommes arrivés le mercredi après-midi, après un long voyage depuis Salem. La première chose que nous avons fait a été de jeter un coup d’œil à la salle de cinéma où la projection allait se dérouler. En traversant le quartier de Mission, nous avons réalisé que nous étions au cœur d’une grande ville, sur le point de voir notre film projeté sur l’écran du plus vieux cinéma encore en activité de toute la ville, le Victoria.
Nous avons ensuite rencontré Mitch et Matt de SFdirtlab (une équipe locale), qui accueillaient notre projection. Ils avaient réussi à rassembler 400 personnes pour le film, ce qui était très motivant. C’était vraiment gratifiant d’être dans une ville où le vélo joue un rôle si important dans la vie de tant de gens. Il y avait de tout, des freeriders, des cyclistes, des amateurs de XC, des voyageurs… Tous ces gens se sont retrouvés à la fête organisée dans un bar local, habitué à accueillir des cyclistes de tous horizons, comme le montre la photo.
Après d’autres bières et d’autres fanfaronnades typiques des cyclistes, nous avons décidé de reprendre la route, tard dans la nuit pour éviter les embouteillages légendaires de la Bay Area. Le lendemain, nous avons pris la direction de Santa Barbara pour une projection privée qui avait lieu le soir même dans un bar local. Jamie a étudié à l’UCSB (University of California Santa Barbara), nous avons donc retrouvé deux de ses amis dans un restaurant à sushis pour un bon repas et quelques verres de saké avant de partir pour la projection. Si vous n’avez jamais vu Santa Barbara, vous manquez quelque chose. La vue sur State Street depuis le patio du bar est à couper le souffle… Cette soirée tranquille s’est rapidement transformée en une soirée arrosée, où les retrouvailles avec d’anciens amis se mêlaient à d’autres souvenirs flous…
Le lendemain matin, nous sommes retournés sur un patio pour un bon café avant de reprendre la route vers San Diego.
Les gars d’Adams Ave Bikes avaient préparé une projection à minuit au Ken, et nous ne savions pas à quoi nous attendre. C’est Scott Armstrong qui avait organisé la soirée, et il avait réussi à mettre de côté quelques fûts de bière. Mais ce qui m’a le plus surpris chez Scott, c’est quand, en me servant une bière, il m’a dit qu’il était policier à la police de San Diego! Je ne me souviens pas de la dernière fois où je suis allé à une projection, avec un policier en charge de l’approvisionnement en alcool, mais la recette de Scott pour réussir une fête dans le monde du mountain bike s’est avérée parfaite. Il y avait aussi quelques filles bruyantes qui nous criaient dessus et un gars qui a commencé à hurler à quel point il aimait sa mère quand le segment de Stevie Smith est arrivé. C’était sans aucun doute l’une des projections les plus amusantes auxquelles nous avons assisté.
Le lendemain, nous devions laisser Darren à l’aéroport de Los Angeles (LAX), afin qu’il puisse rentrer chez lui pour régler une affaire. Jamie et moi sommes allés rendre visite à Brett, un ami qui a ouvert un magasin sur Venice Beach appelé le Mollusk Surf Shop. Arrivés là, nous avons décidé de prendre nos vélos pour une balade le long du Venice Strip. Je n’étais jamais allé à Venice Beach avant, et j’ai été soufflé par le nombre et la diversité des gens qu’on peut rencontrer sur les plages. Nous y avons passé un bon moment, mais j’étais finalement assez content de partir. Lors d’une conversation, Brett a compris que nous partions à la projection de Seasons à Laguna Beach, et nous a proposé de nous installer dans sa maison de vacances, qui se trouve à Laguna Hills. Elle était encore en construction, mais apparemment, nous pouvions y dormir sans problème.
Nous sommes donc partis en direction de Laguna dans l’après-midi. Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre avec une maison encore en travaux, mais dès notre arrivée, nous avons compris que ce serait parfait.
Le soir venu, nous avons flâné sur le Laguna Strip, au milieu du flot constant de Porsche, Lamborghini, Ferrari et Prius. Puis nous sommes allés nous détendre dans les restaurants et les bars de Laguna.
Le travail nous a vite rattrapés : la projection avait lieu le dimanche soir, au cinéma local de Laguna. Cela dit, cela nous laissait toute la journée pour faire du vélo. Nous avons donc rendez-vous avec Tani et les autres gars de The Path Bike Shop pour faire du vélo à Telonix. Tani et les autres s’éclataient sur leurs gros vélos, du coup on se sentait un peu mal équipés, ayant laissé nos Démo à la maison. Pourtant, on s’est quand même bien amusé à essayer de les suivre et à déchirer ces pistes du sud de la Californie, que je n’oublierai pas de sitôt.
Cette nuit-là, nous avons fait la première de Seasons dans une salle comble, la meilleure façon de terminer notre tournée en Californie. Le lendemain, nous avons tout chargé, dit au revoir à la maison de Laguna Hills et commencé notre voyage de retour. Nous avons roulé d’un trait jusqu’à Eugène, pour y trouver le motel le plus infesté de cafards de tout l’Oregon. Au réveil, j’ai trouvé le plus gros cafard que j’aie jamais vu dans mon sac de voyage. On était bien loin de Laguna…
Nous sommes arrivés à la frontière vers 18 heures
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